La parole aux lauréats : la réinsertion grâce aux travaux forestiers avec La Tribu de Tachenn
Publié le 27 octobre 2021 | Dernière mise à jour le 24 janvier 2022
La tribu de Tachenn est lauréat de l’appel à projets du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) Repérer et mobiliser les publics "invisibles" et en priorité les plus jeunes d’entre eux.
Les projets financés par le PIC encouragent l’expérimentation en développant les partenariats avec l’ensemble des acteurs de terrain.
Rencontre avec Caroline Petit, éducatrice et chargée de projet.
Quel est l’historique du projet ?
L’association a été crée en 2015, en partenariat avec le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) et avec un groupe de jeunes à la rue, qui n’étaient pas dans les dispositifs de droit commun. Le projet s’est fondé grâce à un binôme composé de Caroline Petit, travailleuse social au CCAS et Kevin Guignard, un bûcheron. Depuis des années, la vallée de Milina ar Faou, à Lannion, était livrée à l’abandon. La Tribu de Tachenn a impulsé des chantiers de sylviculture et de charpente durant 8 semaines par an. Depuis, le chantier est passé de 8 à 16 semaines.
L’objectif de l’association est de s’adapter aux besoins de ce public souhaitant un mode de vie alternatif. C’est pourquoi en retour, le permis de conduire est financé. Ainsi les personnes sont autonomes et peuvent acheter un camion pour y vivre, se déplacer et chercher un emploi. La formation en sylviculture permet par ailleurs de travailler dans le monde entier dans le domaine forestier. Le projet a également un rôle pour la collectivité en permettant la valorisation d’un espace naturel délaissé et la production d’équipements professionnels en bois.
Depuis le lancement du projet (dans sa version financée par le PIC) en octobre 2019, combien de personnes ont été accompagnées ?
69 jeunes ont été suivis, dans des parcours plus ou moins longs selon leurs projets (1 semaine, 3/4 ans). Certaines personnes peuvent directement rejoindre des artisans et d’autres ont besoin d’un temps plus long car les freins périphériques sont importants (hébergement, santé mentale, des personnes placées par les services sociaux durant l’enfance, etc.)
Les chantiers accueillent entre 12 et 18 personnes maximum, selon le nombre d’encadrants pour des raisons de sécurité. Actuellement, il y a 10 personnes en bûcheronnage et 6 en charpente.
Quelles sont les actions de repérage du public mises en place ?
Le sourcing se réalise grâce aux partenaires, à la prévention spécialisée de quartier, au 115 le Samu social, au bouche-à-oreille entre pairs dans la rue ou lors de travaux d’intérêts généraux. Il y a un partenariat solide avec la Mission Locale car la Tribu peut y orienter des personnes qui n’étaient pas suivies. Inversement, la Mission Locale peut leur adresser des personnes. Tout comme le CCAS, le service pénitentiaire d’insertion et de probation ou encore le collectif de soutien aux sans-papiers. Parfois, ce sont des parents qui contactent la Tribu en direct car l’association est bien connue, notamment grâce à des articles de presse.
Qu’est-ce que le PIC vous a apporté ?
Un changement de taille : le financement a permis d’embaucher du personnel. En effet, auparavant, il n’y avait aucune personne salariée. Caroline Petit est mise à disposition par le CCAS, Kevin Guignard, bûcheron et Thomas Bauer, charpentier sont des prestataires de services. Ce fonctionnement permet d’optimiser les charges.
Désormais, Coralie, une jeune issue de la rue, a pu être embauchée en tant que travailleuse paire grâce au contrat Parcours Emploi Compétences (PEC). Sa présence est d’autant plus facilitante qu’elle connait très bien le public. Ensuite, Maïwenn a rejoint l’équipe en contrat d’apprentissage (formation d’éducatrice spécialisée) ainsi que 2 personnes en Service Civique. Par ailleurs, Kevin et Thomas ont embauché des jeunes en contrat d’apprentissage. Toute une dynamique salariale s’est ainsi enclenchée autour du projet.
Y a-t-il eu des impacts liés au COVID ?
Toutes les structures étatiques étaient fermées, accroissant ainsi la présence des jeunes. Il y a également eu davantage de problèmes de dépendance, d’addiction et d’isolement. La Tribu a mis en pace des semaines de chantier supplémentaires afin de proposer des activités.
Quelles sont les prochaines étapes du projet ?
Avec la crise sanitaire, une demande de prolongation a été possible. Cela permettrait de réaliser un projet immobilier. La Tribu est implantée dans une vallée de 5/10ha mais n’a pas véritablement de locaux ou de bureaux. Il y a une déchetterie proche et ce bâtiment permettrait d’accueillir des jeunes en système caravaning, afin de travailler sur l’hygiène, le soin et faire des ateliers mécanique, stockage du bois, charpente, etc.
Nous vous ferons part de la suite du projet sur La Place.
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